Les b-bloquants sont des molécules essentielles dans le traitement de l'HTA, l'insuffisance cardiaque et les coronaropathies, les troubles du rythme ; l'effet est démontré sur la survie de ces malades.
On les utilise aussi en ophtalmologie pour traiter les glaucomes à angle ouvert, en endocrinologie pour l'hyperthyroïdie, en gastro-entérologie pour les varices œsophagiennes et en neurologie pour les migraines et les tremblements essentiels.
Ils sont aujourd'hui contre-indiqués dans les bronchopathies chroniques avec réversibilité, asthme et BPCO.
La prévalence de ces différentes pathologies augmentant avec l'âge, le risque, pour le médecin, de devoir choisir entre des effets attendus très importants et des effets secondaires non négligeables augmente.
PHYSIOPATHOLOGIE
Inhibiteurs compétitifs des cathécholamines sur les récepteurs b1 et b2
Plus le rapport du blocage b1/b2 est important, plus le b-bloquant est cardio-sélectif ; mais il n'y a pas de b-bloquants cardio-sélectifs purs.
On distingue aussi des b-bloquants avec ou sans activité sympathomimétique intrinsèque.
b-BLOQUANTS (tableau non exhaustif)
NCS | CS |
sans ASI | avec ASI | sans ASI | avec ASI |
Propanolol (AVLOCARDYL®) | Pindolol | Aténolol ++ (TENORMINE®) | Céliprolol ++ (CELECTOL®) (+ effet a-bloquant) |
Timolol | | Métoprolol (LOPRESSOR® ; SELOKEN®) | Acébutolol + (SECTRAL®) |
Sotalol (SOTALEX®) | | Bisoprolol ++ (DETENSIEL®) | |
NCS : non cardio-sélectif ; CS : cardio-sélectif ; + : CS faible ; ++ : CS moyenne ; +++ : CS forte ; ASI : activité sympathomimétique intrinsèque |
CONTRE-INDICATIONS (selon les AMM)
absolue : CS sans ASI et acébutolol dans l'asthme et les bronchopneumopathies chroniques obstructives, dans leurs formes sévères.
Mises en garde (selon les AMM) les bêtabloquants ne peuvent être administrés qu'en cas de formes légères en choisissant un bêta-1 sélectif à posologie initiale faible. Il est recommandé de faire pratiquer des épreuves fonctionnelles respiratoires avant la mise en route du traitement.
En cas de crise survenant sous traitement, on pourra utiliser des bronchodilatateurs bêtamimétiques.
Cas particulier du Céliprolol (selon l'AMM) aucune contre-indication ;
asthme et bronchopneumopathies chroniques obstructives : du fait de ses propriétés bêta-1 bloquant sélectif et bêta-2 agoniste, le céliprolol peut être administré avec prudence chez le patient asthmatique en dehors des poussées et chez le patient bronchitique chronique bien équilibré.
EFFETS SECONDAIRES
bronchoconstriction
difficulté potentielle de traitement d'un malade lors d'un bronchospasme
Certains
b-bloquants (alprénolol ; métoprolol ; propanolol) ont un métabolisme hépatique qui peut être accéléré par les inducteurs enzymatiques (rifampicine)
Les béta-bloquants dans l'asthme et les BPCO
Compte tenu de leurs indications, ces médicaments sont très souvent prescrits, surtout aux adultes au-delà de 50 ans, chez lesquels se recrute le plus grand nombre de malades atteints simultanément de BPCO ou d'asthme ancien et sévère.
Or, dans l'asthme et, à un moindre degré, dans les BPCO, les b2-agonistes sont souvent nécessaires.
Méta-analyse (Salpeter, 2002)
29 études entre 1972 et 1994, la plupart dans les années 80.
Chez des BPCO et asthme légers à modérés (VEMS > 1,8L), réversibilité > 15 %, plutôt jeunes (19-65 ans), hors période d'exacerbation, les
b-bloquants cardio-sélectifs, comparés aux placebos :
en dose unique : en moyenne, chute du VEMS 7,5 % ; réversibilité après
b2-agonistes 4,6 %.
en traitement prolongé : pas de changement du VEMS, des symptômes ou du recours aux bronchodilatateurs ; la réponse aux
b2-agonistes est conservée. Les
b-bloquants avec activité sympathomimétique intrinsèque réduisent la réponse aux
b2-agonistes.
Ce résultat ne semble pas différent pour les BPCO sévères (VEMS < 1,4L ou < 50 % théorique).
En pratique
Les
b-bloquants réduisent la mortalité des maladies cardio-vasculaires pour lesquelles ils sont prescrits
le
b-bloquant est il nécessaire ? Si oui,
vérifier l'état de la fonction respiratoire
EFR avec test de réversibilité
diagnostic de la BPCO et de sa sévérité
tester l'efficacité des anticholinergiques sur la fonction respiratoire,
préférer le céliprolol (selon les critères de l'AMM)
commencer par une dose faible, surveiller l'évolution puis monter progressivement à la dose souhaitée,
surveillance attentive du malade informé.
La mortalité intra-hospitalière pour exacerbation de BPCO semble plus faible chez les malades prenant des
b-bloquants (Dransfield, 2008) ; mais il n'est pas certain que l'excès relatif de mortalité des patients sans
b-bloquant pendant l'hospitalisation ne soit pas dû à l'arrêt du traitement
b-bloquant lors de l'admission pour cause de BPCO non équilibrée.