2.3. Formes particulières
2.3.1. Au niveau de la chevilleLa fracture triplane associe un trait antéro-postérieur épiphysaire, un trait horizontal dans le plan du cartilage de conjugaison et un trait oblique frontal dans la métaphyse tibiale inférieure. Les clichés simples en incidences de références associées à des obliques permettent de faire le diagnostic. L'examen TDM ou IRM permet de préciser la situation et le nombre des traits. Ce type de fracture représente environ 6% de l'ensemble des fractures tibiales inférieures.
La racture de Tillauxest une fracture de type 3 détachant la partie antéro-externe de l'épiphyse qui reste solidaire du péroné, amarrée par le ligament tibio-péronier. Elle s'observe chez l'enfant en fin de croissance.
2.3.2. Au niveau du coudeLa pronation douloureuse pcorrespond à une subluxation de la tête radiale avec arrachement partiel du ligament annulaire, les cliché sont normaux.
Les fractures supracondyliennes sont fréquentes, elles associent à une impotence, des signes radiologiques d'épanchement intra-articulaire et un recul du massif condylien.
Les fractures partielles, humérale, radiale ou cubitale, sont possibles: massif trochléen, massif condylien, fracture isolée du noyau condylien, tête radiale, olécrane, épicondyle, épitrochlée... toutes les variétés peuvent s'observer. Leur diagnostic repose sur une lecture attentive des clichés pour repérer la position des fragments osseux.
La fracture de Monteggia est classique mais assez rare, elle associe une fracture cubitale à une luxation de la tête radiale.
3. CIRCONSTANCES PARTICULIERES 3.1. Traumatismes néonatauxEn cas de disproportion foeto-maternelle des lésions traumatiques osseuses peuvent survenir au cours de l'accouchement.
La racture de la clavicule est fréquente et sans gravité. Elle se manifeste par une impotence fonctionnelle modérée dans la période néonatale, puis l'attention peut être attirée par une tuméfaction en regard de la clavicule correspondant à un cal hypertrophique. La restitution anatomique ad integrum est la règle.
Le décollement épiphysaire ou fracture de type 1 peut toucher l'épiphyse fémorale supérieure, l'épiphyse proximale ou distale de l'humérus. Plus rarement d'autres épiphyses d'os longs peuvent être intéressées. Le diagnostic est évoqué devant une impotence fonctionnelle chez un nouveau né de gros poids. Sur le plan radiologique le diagnostic est difficile car la plupart des épiphyses ne sont pas minéralisées, et l'aspect est celui d'une luxation. L'échographie peut montrer la séparation entre épiphyse et métaphyse. En cas de noyau visible, il faut pouvoir affirmer la modification du rapport entre l'épiphyse et la diaphyse. Dans ce cas des clichés comparatifs peuvent s'avérer utiles. Si la lésion est identifiée et traitée rapidement, le pronostic est bon.
3.2. Pathologie traumatique du sportLe développement pas toujours contrôlé d'une activité sportive chez des enfants et des adolescents, l'absence de progression dans les entraînements peuvent conduire à la constitution de lésions squelettiques particulières.
3.2.1. Les arrachements apophysairesDès l'apparition d'un point d'ossification apophysaire, la plaque cartilagineuse de croissance devient la zone de faiblesse. Une contraction brutale du muscle dont le tendon s'insère sur l'apophyse peut l'arracher. Les noyaux les plus exposés sont la tubérosité ischiatique, l'épine iliaque antéro-supérieure, le petit trochanter, la tubérosité tibiale antérieure.
Le diagnostic est évoqué par le contexte: douleur brutale et impotence au cours d'un effort. Il est confirmé par l'examen radiologique qui montre le déplacement du noyau.
L'aspect exubérant de la consolidation est caractéristique à une phase plus tardive.
Les ostéochondroses (Osgood-Schlatter, Sinding Larsen...) sont assimilées à des fractures apophysaires parcellaires par micro-traumatismes répétés.
3.2.2. Fracture de fatigueElles surviennent sur un os sain, à la suite d'efforts mécaniques inhabituels et répétés. Ce sont les fractures de stress des anglo-saxons. Elles surviennent entre 5 et 15 ans avec une recrudescence printanière correspondant à la reprise des entraînements. Les localisations préférentielles sont les suivantes:
- le tibia (55 %) à l'union du tiers supérieur et du tiers moyen, ou le tiers moyen du péroné (21 %),
- es métatarsiens, la rotule, la branche ischio-pubienne, le col fémoral (exceptionnel), le calcanéum....
- la lyse isthmique de L5 est considérée par certains auteurs comme une fracture de fatigue.
Le diagnostic est difficile. Il repose sur l'interrogatoire. A la phase précoce, la scintigraphie montre une hyperfixation alors que la radiographie est normale. Les signes radiologiques apparaissent à partir de la deuxième ou troisième semaine sous forme d'une déminéralisation localisée associée à une apposition périostée. A distance de l'épisode initial, la topographie et l'interrogatoire orientent le diagnostic qui est difficile, car il s'agit parfois d'une apposition périostée isolée, associée ou non à une densification mal visible du trait dans l'os spongieux. Une tumeur maligne peut être discutée. L'IRM peut montrer le trait de fracture sous forme d'un hyposignal et les modifications inflammatoires de la médullaire adjacente.
3.2.3. Lésions du cartilage de croissanceLes microtraumatismes répétés sur des zones de cartilage en croissance peuvent aboutir à des équivalents de fracture de type 5. Les avant bras sont exposés chez les gymnastes et les judokas.
3.3. Syndrome des enfants battusLes enfants maltraités peuvent se voir dans n'importe quel milieu, même si la précarité socio-économique est un facteur favorisant. La fréquence est difficile à évaluer. Les graves conséquences familiales et juridiques qu'impliquent un tel diagnostic nécessitent une grande prudence mais le risque vital par hématome sous dural est réel. Les nourrissons sont les plus exposés (80% des cas avant l'âge de 3 ans).
Il s'agit en général de fractures d'âge différent chez un nourrisson, certaines localisations sont particulièrement évocatrices:
- fractures des arcs postérieurs des côtes;
- fractures épiphysaires de type II, multiples survenant chez des enfants très jeunes;
- fractures des diaphyses des os longs et/ou hématomes sous périostés.
Un bilan complet indispensable par échographie abdominale, TDM ou IRM cérébrale, scintigraphie osseuse et radiographies de l'ensemble du squelette
3.4. Fractures pathologiquesElles surviennent sur un os fragilisé par une lésion focale ou une atteinte générale
Les lésions focales sont de type lytique: kyste simple (fréquent au niveau de l'humérus) ou anévrismal, fibrome non ossifiant, plus rarement tumeur maligne.
Les maladies générales sont nombreuses, constitutionnelles ou acquises, aboutissant à une fragilité osseuse: ostéogenèse imparfaite, rachitisme, maladie neurologique, corticothérapie, ostéodystrophie rénale.....
4. COMPLICATIONS DES FRACTURES EPIPHYSO-METAPHYSAIRESL'atteinte de la vascularisation épiphysaire et/ou de la couche germinale du cartilage de croissance fait courir le risque majeur d'épiphysiodèse partielle ou totale.Les épiphysiodèses totales va bloquer la croissance et aboutir à un raccourcissement du segment de membre. L'épiphysiodèse partielle, quand elle est centrale va entraîner une déformation progressive du cartilage de croissance et de l'épiphyse, aboutissant à une épiphyse en cone, sans désaxation, alors que si le pont d'épiphysiodèse est excentré, il va aboutir à une désaxation du membre.
L'identification du pont d'épiphysiodèse quantd il est constitué repose sur les clichés simples complétés par la TDM ou l'IRM. La localisation très précise du pont est importante car des interventions de desépiphysiodèse sont proposées. En préventif, il est possible de surveiller l'aspect du cartilage de croissance en IRM, à distance d'un traumatisme du cartilage de croissance à haut facteur de risque (Type 4 par ex), afin de déceler précocément un arrêt d'activité avant constitution d'une déformation.
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