En Algérie, consommons-nous des OGM ? Avons-nous la certitude qu’ils ne se retrouvent pas dans nos assiettes ? L’Algérie dispose-t-elle d’un système de contrôle permettant d’assurer que les OGM n’intègrent pas notre estomac ?
En réalité, à l’heure actuelle rien ne permet d’assurer que nous ne consommons pas d’organismes génétiquement modifiés. Une batterie de lois internationales permet de nous y soustraire, mais le pays ne dispose pas de moyens d’expertise ou de surveillance ni même d’une législation adéquate. Et la facture d’importation et la dépendance en matière de denrées alimentaires sont telles qu’il est difficile de croire que, parmi ces produits importés, certains ne sont pas issus de manipulations génétiques. Un arrêté ministériel a été repris par le ministère de l’Agriculture, mais il suffit pour un importateur de présenter un certificat attestant de l’absence d’ogm pour que les produits passent la frontière algérienne.
Paradoxalement, l’Algérie a ratifié le protocole de Carthagène sur la prévention des risques biotechnologiques. Une tentative interne avait eu lieu en 2003 avec la présentation d’un projet de loi en 2003 sur les OGM devant l’Assemblée nationale, mais qui a été retiré en 2004 pour des considérations dites juridiques. Le projet de loi en question, présenté par le ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, traitait de la circulation des ressources biologiques et du contrôle des ogm.
L’objectif consistait à préserver les ressources naturelles algériennes contre les manipulations génétiques risquant de réduire dangereusement notre patrimoine d’espèces. Depuis cette tentative, plus rien.
L’Algérie n’étant pas dotée d’un laboratoire de contrôle et de test des ogm, le doute est permis, d’autant que la facture d’importation de graines céréales, de légumineuses, d’oléagineux est importante.
Qui peut nous garantir que la pomme de terre importée du Canada l’année dernière, suite à la pénurie, n’était pas issue de manipulations génétiques. D’ailleurs, faut-il le souligner, le Canada comme les Etats-Unis n’ont pas ratifié le protocole de Carthagène. Plus qu’un vide juridique ou une myopie collective, l’Algérie semble, en fait, avoir du mal à trouver une position ferme sur la question OGM, car s’il existe de nombreux détracteurs, il en existe au moins autant qui défendent le principe de la manipulation génétique tout en soulignant que l’Algérien ne peut ignorer cette forme de progrès. Premier argument avancé d’ailleurs par la FAO : la génétique permet d’accroître la production et d’offrir ainsi une solution à la faim dans le monde. Les études menées à l’heure actuelle ne démontrent pas de façon concluante que les ogm sont nocifs pour l’homme et l’environnement, et il est souvent fait le parallèle avec les insecticides et pesticides qui, selon certains, sont beaucoup plus néfastes à l’homme et à l’agriculture. Enfin, de nombreux médicaments sont obtenus grâce aux ogm. C’est le cas de l’insuline produite par des bactéries génétiquement modifiées, des vaccins, des hormones de croissance ou encore des antibiotiques. Ainsi, la communauté scientifique s’entend à prendre des précautions dans la manipulation génétique et s’accorde à dire qu’on ne peut s’extraire du progrès. Les divergences naissent dans le chapitre des mesures de précaution à l’égard des ogm. La première adoptée par la communauté consiste à pouvoir assurer la traçabilité d’un produit et permettre ainsi au consommateur de savoir s’il consomme ou non des OGM. Il s’agit là d’un premier contrôle qui donnerait tout loisir aux individus de choisir en tout état de cause. Un premier pas qui responsabiliserait chaque acteur sans pour autant fermer la porte à la biotechnologie.
Par El Watan