(suite)Combinaison des couleurs
Il semblerait logique de supposer que la décoration qui
dispose du plus grand nombre de couleurs serait la plus brillante, mais
la couleur n’agit pas de la sorte, mais précisément dans le sens
opposé. Rappelons-nous que la combinaison de toutes les couleurs
pigmentaires produit un gris neutre. Lorsque les couleurs se combinent
sans discrimination, se rivalisant entre elles pour attirer
l’attention, elles se neutralisent les unes les autres devenant ainsi
opaques et l’effet total du coloris disparaît. Les décorations les plus
riches en couleur, naissent souvent de la restriction et non pas de la
profusion. Nous avons déjà abordé quelques systèmes de classification
de la couleur qui en même temps, essayent de déterminer les groupes de
couleurs qui peuvent produire les combinaisons les plus agréables.
RUNFORD a soutenu le principe qui stipule que, pour que deux couleurs
soient en harmonie, il faut que toutes les deux possèdent des
proportions de lumières coloriées aptes à former le blanc. OSTWALD
est parti de la règle fondamentale selon laquelle, pour que deux ou
davantage de couleurs s’harmonisent, elles doivent posséder des
éléments essentiels identiques. MUNSELL a aussi basé sa théorie sur le
principe de l’égalité des éléments, mais il est allé plus loin en
suggérant que “le centre de la sphère est le point d’équilibre naturel
de toutes les couleurs”, de telle sorte que toute droite passant par le
centre de son système relierait
des couleurs qui s’harmonisent entre elles. Ceci signifie que deux tons
complémentaires peuvent se combiner de telle façon que si l’une des
couleurs a une valeur de clarté grande elle sera compensée avec la
valeur de clarté de l’autre couleur qui, elle, sûrement sera plus
petite surtout si nos deux couleurs se placent diagonalement dans le
cercle de MUNSELL.
Aussi bien OSTWALD que MUNSELL ont signalé l’influence
de la proportion des aires de couleur et ont soutenu que les grandes
surfaces devaient avoir des couleurs éteintes, tandis que les couleurs
avec un haut degré de saturation devaient être utilisées seulement dans
de petites zones. Les problèmes relatifs à la combinaison des couleurs
sont semblables à ceux de la composition ;
variété dans l’unité. Créer l’
unité entre deux tons différents et éviter la monotonie au moyen de la
variété.
Ceci n’est pas une question qui peut être résolue uniquement avec
l’emploi de règles fixes. Avec la couleur, plus qu’avec tout autre
facteur de conception, le plus important c’est la sensibilité à
l’harmonieux. Il en est ainsi parce que, tant la
perception de la couleur comme les
réactions à ses harmonies, sont des processus
subjectifs.
Le seul but des règles consiste à avoir des principes d’orientation qui
aideraient à développer la sensibilité naturelle pour l’appréciation
des couleur ainsi que le sens
autocritique : Pour éviter les erreurs et savoir pourquoi elles se produisent et comment elles doivent être corrigées.
Il y a plusieurs méthodes pour combiner les couleurs, ou ce que l’on pourrait appeler la “
syntaxe”
de la composition de la couleur, avec lesquelles on peut obtenir des
dessins assez satisfaisants. Nous en examinerons certains.
Harmonies monochromatiquesPour obtenir l’
harmonie, un des moyens les plus simples et plus sûrs consiste en l’utilisation d’une
seule couleur. Ceci signifie que l’on doive travailler qu’avec les différences de
valeurs, saturations et ombres. La
gamme ou l’
unité tonalecrée automatiquement l’harmonie de couleur. Par exemple, dans une même
pièce, on peut employer un bleu verdâtre foncé pour le tapis, un bleu
plus clair pour les rideaux et un bleu céleste grisâtre pour les
parois. Avec plusieurs touches de bleu intense disposés en de petites
surfaces et une variation suffisante dans les textures — l’une
dominante et les autres avec des proportions plus réduites — on peut
obtenir une représentation efficiente, malgré le manque de variété
chromatique.
Harmonie par analogieUne autre manière sûre d’obtenir l’harmonie consiste en
l’emploi de couleurs sous l’influence d’un dominant de base. Par
exemple, les modulations entre les couleurs adjacentes qui dans le
cercle chromatique vont depuis l’
orangé-rouge jusqu’au
bleu-vert, sans inclure le rouge ni le bleu pur, qui n’ont rien de jaune qui, dans ce cas précis, constitue la couleur de base .
De la même sorte on peut former des groupes avec les deux autres
couleurs primaires. Pratiquement, n’importe quelle couleur peut entrer
dans la gamme tonale ou “
gamme de couleur ” désirée, pourvu que dans sa composition entre une partie de ce ton.
Ceci signifie aussi que deux couleurs seront en harmonie lorsque
chacune d’elles contiendra dans son mélange une partie de l’autre. Les
combinaisons les plus désagréables sont transformées lorsque les tons
se fonderont entre eux, de telle sorte que l’un fasse partie de
l’autre. Une des raisons pour lesquelles le cercle chromatique a un
aspect tellement agréable, réside dans le fait que la transition d’une
couleur à un autre est progressive, c’est-à-dire, que deux secteurs de
couleurs différentes sont séparés au moyen d’une couleur
transitionnelle.
Par exemple, le rouge est séparé du jaune par une zone orangée, qui
contient les deux. Ainsi le passage d’une couleur à un autre n’est pas
effectué de manière brusque. Une autre possibilité d’obtenir l’
harmonie par analogieconsiste en la répétition des mêmes tons dans différentes parties de la
composition. Cette méthode fournit un moyen excellent pour créer de l’
unitédans n’importe quelle composition chromatique. La même possibilité
émerge si on répète des couleurs semblables, et ceci mieux que s’ils
étaient identiques, pour que les répétitions produisent de la
variété.
Harmonie par contrasteL’effet de “
dissonance”
dans la couleur, tout comme dans la musique, constitue un outil
précieux pour le décorateur habile. Dans certaines occasions, ces
harmonies sont précisément ce qui est requis. C’est un moyen
remarquable pour obtenir de la
variétéainsi qu’une vivacité de couleur impossible à obtenir autrement.
Toutefois, il est indispensable que la dissonance soit adaptée à la
disposition générale de la composition, tel qu’établi par les autres
facteurs
perceptuels. La
dissonance est une chose et la
détonation ou l’
éclatementen est une autre. Le problème consiste à contrôler suffisamment les
tons contrastants, de telle manière à ce qu’ils ne détruisent pas l’
unitéorganique de la composition et puissent lui conserver toute sa
puissance. Si la dissonance se manifeste là où l’analogie est requise,
ou si elle paraît arbitraire, sans motif ou raison, de la composition
découlera le
chaos.
Il y a plusieurs méthodes pour obtenir l’
harmonie par contraste.
La plus connue est celle qui consiste à utiliser plusieurs valeurs,
saturations et nuances d’une même couleur, qui déterminent la tonalité
de la composition, en contrastant avec de petits accents de son
complément direct .
Ex. une grande surface jaune verdâtre (une paroi) imprégnée d’une
touche rouge violacée (une cheminée ou un meuble). Nous avons déjà vu
que les couleurs complémentaires ont la qualité remarquable de
s’intensifier entre eux, mais que l’harmonie ne se produira pas si les
tons disposent de superficies égales et ont le même degré de
saturation. Ils ne s’harmonisent que si l’un d’eux est pur et l’autre
est neutralisé (par l’ajout d’une couleur neutre : le blanc, le gris ou
le noir), ou lorsque les deux étant purs, leurs aires ou secteurs
respectifs auront des dimensions très différentes. Nous savons aussi
qu’une autre méthode pour obtenir l’
harmonie par contrasteconsiste à séparer les tons contrastants par une frange neutre. Le
blanc et le noir sont les neutres les mieux indiqués pour ce genre
d’exercice, parce très positifs de par eux mêmes. Les vitraux des
cathédrales gothiques
constituent un bon exemple de séparation au moyen de lignes noires. La
saturation de la lumière rouge, bleue et jaune qui se filtre à travers
les vitrages, serait insupportable sans les séparations que déterminent
les joints de plomb noir.
Harmonie par complémentaires adjacentsAu lieu d’utiliser les deux extrêmes absolus du
contraste, on cherche les deux adjacentes au complément direct dans le
cercle chromatique .
Si on choisit un rouge, on ne le contrastera pas avec le vert, qui est son complément direct, sinon avec le
vert jaune ou le
bleu-vert, qui lui sont adjacents dans le graphique de couleurs. Le contraste des
compléments adjacents ou
divisés, comme on les appelle aussi, est plus doux et plus suave que celui des
complémentaires directs.
Harmonie par triadesLes schémas basés sur les triades consistent en
l’emploi de trois couleurs qui se mettent en rapport de la même façon
entre elles, c’est-à-dire, qu’elles sont équidistantes l’une de
l’autre, dans le cercle chromatique. Dans la pratique, la triade
s’établit par la combinaison des couleurs qui se trouvent dans les
trois sommets du triangle équilatéral inscrit dans le cercle chromatique .
Par exemple, l’orange, le vert et le violet sont harmonieux si ils sont
combinés entre eux, suivant ce schéma. Cette façon d’harmoniser les
couleurs sera difficile à appliquer si on ne possède pas une
connaissance parfaite de l’équilibre dans lequel ils doivent être
maintenus. Trois tons de haute saturation, comme les trois couleurs
primaires dans leur état pur, sont très difficiles à manoeuvrer. On ne
doit pas laisser une grande proportion de chaque couleur “lutter”
contre les deux autres. Les trois couleurs primaires ont tendance à se
combattre entre elles, parce que dans leur état original elles n’ont
aucun ingrédient en commun. Il vaut mieux donc ne pas interpréter ce
schéma littéralement. On peut utiliser des couleurs qui diminuent
l’intervalle .
Par exemple, une différence légèrement plus petite entre deux d’entre
elles, avec une valeur de clarté plus faible pour la troisième. Le plus
important c’est de mettre en rapport des couleurs choisies, au moyen
d’une similitude ressentie comme équidistante.
Harmonie par température dominante Cette méthode offre une autre possibilité très efficace
pour produire l’harmonie. Si la surface dominante de la composition est
chaude ou froide, l’image sera unifiée . Pour assurer la variété, on peut y introduire de petites touches
polychromatiques.