Le Modernisme comme style dominant
C’est dans les années 20 que les plus importantes figures de l’Architecture moderne établirent leur réputation. Le trio de tête est généralement reconnu comme étant Le Corbusier en France (qui lui préférait parler de mouvement puriste), Ludwig Mies van der Rohe et Walter Gropius en Allemagne. Mies van der Rohe et Gropius étaient tout deux directeurs du Bauhaus, école d’architecture et d’arts appliqués fortement tournée vers les techniques industrielles.
La carrière de Frank Lloyd Wright leur fut parallèle et les influença énormément, notamment grâce à son Wasmuth portfolio, mais il a toujours refusé d’être considéré comme un des leurs. Il eut une grande influence sur Gropius et Mies, bien qu’il en eut une aussi sur tout le courant de l’Architecture organique.
En 1932 eut lieu une importante exposition au MoMA : l’exposition d’architecture moderne, dirigée par Philip Johnson. Johnson avec son collaborateur Henry-Russell Hitchcock créèrent des continuités, réunirent des tendances distinctes, les identifiant comme ayant un style similaire et des visées communes, et les enfermèrent dans ce qu’ils appelèrent le Style international.
Ce fut un tournant important. Avec la Seconde Guerre mondiale, les figures importantes du Bauhaus fuirent aux États-Unis, à Chicago, à Harvard et au Black Mountain College. Alors que le Mouvement moderne ne fut jamais prédominant dans la construction de villas et de logements, il le devint en ce qui concerna les bâtiments institutionnels et l’architecture commerciale. Son influence fut majeure jusque dans l’enseignement de l’architecture, depuis les années trente jusqu’aux années quatre-vingt.
Marina City (à gauche) et IBM Plaza (à droite) à Chicago.Les architectes qui ont œuvré dans le Style international voulaient rompre avec la tradition architecturale, et sont venus à des volumétries simples, sans ornementation. Les matériaux privilégiés furent le verre pour les façades, l’acier pour les supports extérieurs et le béton pour les planchers et les supports intérieurs. Les plans étaient fonctionnels et logiques. Le style devint plus évident pour les gratte-ciel. Les monuments les plus célèbres sont peut-être le Siège des Nations unies de Le Corbusier, Oscar Niemeyer et Sir Howard Robertson, le Seagram de Mies van der Rohe, et le Lever House de Skidmore, Owings et Merrill, tous à New York ; et en ce qui concerne les villas, la Lovell House de Richard Neutra à Los Angeles.
Les détracteurs du Style international mirent en avant le manque d’humanité et de chaleur de cette géométrie cubique aride et sans compromission. Le Corbusier avait décrit ses immeubles comme des « machines à habiter », mais les gens ne sont pas des machines et on lui suggéra que les gens ne voulaient pas vivre dans des machines. Même Philip Johnson admit qu’il en avait assez des boîtes (« bored with the box »). Depuis le début des années quatre-vingt, beaucoup d’architectes ont délibérément cherché à échapper aux lignes droites en variant les styles. Au milieu du siècle certains commencèrent à expérimenter des formes organiques qu’ils estimaient plus proches de la sensibilité humaine et plus accessibles. Alvar Aalto et Eero Saarinen furent deux architectes et designers parmi les plus prolifiques de ce courant qui influença le modernisme contemporain.